Flocon #06 1:31:04 Le Coup De Foudre (LSI#1)

Je passe maintenant à ma dernière réalisation, La Seconde Idyllique (ou La Rencontre Inédite). C'est un double-album, mais (à peu près) normal. Pas un D.A.D., c'est à dire que les deux albums ne sont pas amenés à se mélanger. Je le sépare en 2 flocons, mais ils sont à considérer ensemble. Ici la première partie : Le Coup De Foudre. 

On passe au côté Roméo & Juliette de mon film, pour ceux qui l'aurait suivi. Ca manquait un peu de sentiments, vous me direz... Je vais appeler le garçon R. (comme...de toute façon, je mets des R. partout) et la fille Z. (comme Z.ooey, la fille de la pochette. Yes Man pour les cinéphiles, She & Him, pour les musicos). Donc c'est l'histoire de Z.&R..

Bon, pour ceux qui ont compris, le Cinatit faisait le trajet depuis son naufrage jusqu'au port d'embarcation, à l'envers. Donc il accoste et les gens en sortent. Sains et saufs. Happy End ? Pas suffisant, il suffit de remettre le film à l'endroit : les gens vont prendre le bateau et certains vont pas s'en tirer. C'est triste. Inéluctable ? Peut-être pas....

Je ne sais pas si vous avez remarqué, sur la pochette de Heure Où Des Airs Heurtent Les Songes, j'ai fait une espèce d'horloge, avec des aiguilles. C'est pas précis, c'est juste pour suggérer, mais je vous le dis maintenant, il est 1h31min4s. 2 façon de le voir....La première : sur mon île, le temps s'est arrêté quand ma montre s'est cassée au moment du naufrage. Je n'ai plus rien qui me rapporte précisément au temps à part cette heure fatidique. La deuxième : R. est sur le quai d'embarquement du Cinatit et à 1h31min4s, il rencontre Z. Coup de foudre. Le temps s'arrête. Qu'est-ce qui se passe alors ?

Disons qu'avant que R. rencontre Z., R. pense très fort à une autre, que je vais appelé N. (comme Naomi). Dans la seconde qui suit le coup de foudre, il se passe en condensé tout ce que je vous ai raconté en long, toute la croisière. Le Cinatit, c'est la relation promise au naufrage, le coup de gueule de la barque et la déroute des dauphins qui mène à l'isolement de R., c'est le néfaste et la mauvaise influence de N., et son meurtre par sa doublure, ce sont ses mauvais côtés qui prennent le dessus sur ses qualités aux yeux de R., tuant l'image qu'il en avait jusque-là (tout ça, c'est sur un plan métaphorique), ça, c'est pour le contenu du film, son déroulement, comme une extrapolation des émotions intérieures de R. Et l'île, c'est le recul d'où R. tient ce regard à l'heure de son coup de foudre. N. peut-être réelle pour R. ou être simplement une idée, un espoir de rencontre dans le Cinatit. Qu'il y aie une N. ou pas, ça change rien. L'idée qu'il puisse y en avoir une suffit. R. peut même penser à personne, on peut même voir ça simplement comme les hantise de R. qui sombrent avec le Cinatit : R. avait très peur de la vie à deux et avec Z. d'un coup, ça disparait...

Maintenant pour le côté réel, grand spectacle, que le naufrage a vraiment lieu, même pour les autres...Disons que R. décide simplement à cette seconde précise de ne pas prendre le bateau pour suivre Z. S'il y a vraiment une N., il s'en sépare, s'il n'y en a pas, il en oublie la possibilité, il pense simplement que Z. vaut mieux que la croisière qui le faisait rêver.

Bon, je reste vague et ouvert à toute possibilité pour 2 raisons : la première, c'est que de la manière dont j'ai "raconté" ce film, je n'ai pas dessiné d'histoire précise. Je l'ai fait par ellipse. Par exemple si R. est en couple avec N., il faudrait un moment où ils se séparent. Si R. rêve d'être avec N. mais qu'elle le sait pas, y en a pas besoin, si R. n'a aucun rapport avec N., c'est juste d'avoir suivi N. et de tomber sur le couple de R. & Z. qui signifie que ça aurait pu se dérouler autrement, qu'elle aurait pu être Z., par exemple, etc...Après là, je vous fait le happy end, parce que ça pourrait être une tragédie (genre dépit amoureux de N. qui se sépare de R., etc).

La deuxième raison, c'est que de cette manière, R. peut être n'importe qui, qui allait embarqué dans ce bateau. Pareil pour Z. J'ai juste pris le point de vue de R., mais on peut changer. Le seul truc qu'il faut pas, c'est que Z. & R. décident de prendre le bateau ensemble. A ce moment-là, vous regardez Titanic, le film, ça revient au même (Di Caprio qui prend le bateau parce qu'il a gagné les places aux poker, etc).

En quoi, c'est un happy end ? L'inéluctable est court-circuité. Evidemment, y a effectivement des morts, c'est un film catastrophe, mais ça, on le sait depuis le départ. Mais ce qu'on sait en plus, maintenant, c'est que chacun peux ne pas être là. Di Caprio meurt au début. Mais si on remonte le temps et que c'est lui qui joue R. sur le quai, qu'il décide de ne pas prendre le bateau...tout le film est ce à quoi il a échappé. Ca tient à rien, vous me direz, à une rencontre au bon moment, etc...oui c'est accidentel, comme le naufrage du Cinatit. D'un côté ça mène au drame, de l'autre ça mène à l'éviter. D'avoir les deux possibles, ça équilibre.

Bon tout ça, c'est un film, une lecture, vous l'avez bien compris. Je suis parti d'un truc mal barré et j'en ai fait un truc plus otpimiste. Le rapport avec Z. & R., c'est que vous avez passé tout le film à souffrir, et qu'ils sont apaisants. D'avoir monté le film à l'envers, ça me permet pas seulement de revenir à la vie avant le drame, ça me permet de créer la vie parallèlement. Parce que si le Grebeci a englouti le Cinatit en un clin d'oeil, cette seconde suspendue suffit à son tour à engloutir tout le drame du Cinatit, qui n'est plus surtout qu'une métaphore.

C'est le baiser de Z.&R.

Ce flocon dure donc 1h31min04 et propose la musique menant à ce coup de foudre, la musique avant cette seconde. On passe de la peine à l'espoir, on passe par la colère, l'urgence et c'est mon flocon le plus "rock", le plus efficace, c'est un exutoire, c'est pour taper dans le Grebeci à main nue, sans crainte des engelures. Foudre, ça veut dire électricité. Y en a plein, c'en est saturé.  Pas de la statique mais de celle qui éclaire. Et des étincelles, y en a des si belles ...

Edit: ces décibels pour en écouter une version un peu différente et plus courte sur Spotify (je n'ai pas modifié la playlist ici, du fait des histoires de temps)

Extrait de La Révérence Du Cygne